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Réflexions sur le mentorat des jeunes

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La communauté bahá’íe du Canada est une communauté confessionnelle vouée à l’amélioration de la société. Travailler avec des milliers de jeunes de tous âges et de toutes origines pour développer leurs talents et leurs capacités est un élément central de notre contribution à cet objectif. Notre expérience nous permet de mieux comprendre la nature et le processus du mentorat, et le présent document constitue un premier effort pour discuter de certaines de ces idées en tant que contribution au discours plus large sur le rôle des jeunes dans la société.

Introduction

Parmi ceux qui travaillent avec les jeunes, il y a une conversation de plus en plus dynamique sur la nature et le processus du mentorat. Lorsqu’ils s’efforcent d’appuyer les jeunes dans leurs collectivités, les organismes et les intervenants auprès des jeunes en viennent souvent à réaliser que les jeunes bénéficient d’un soutien et d’encouragements étroits. Des efforts sont faits pour favoriser une relation de confiance entre le mentor et la personne guidée, aidant le jeune à développer sa confiance, ses compétences et ses capacités. Il a été démontré que ce type d’interactions a une influence positive sur les jeunes de diverses façons, notamment en améliorant leur réussite scolaire et leurs perspectives d’emploi.

Le concept de mentorat est d’une pertinence générale. Tous les jeunes ont besoin du soutien étroit d’une ou de plusieurs personnes plus expérimentées que les leurs qui peuvent les aider à faire la transition vers la maturité et l’âge adulte. Ce document explore brièvement trois aspects interreliés du mentorat : (1) la relation entre le mentor et le mentoré, (2) le succès du mentorat et (3) situer le mentorat dans un contexte plus large.

La relation de mentorat

Au début d’une relation de mentorat, le mentor et le mentoré ont parfois du mal à trouver comment ils devraient agir l’un envers l’autre. Il s’agit d’une relation qui a ses caractéristiques propres — qui est différente de celle d’un enseignant avec un élève ou d’un parent avec un enfant. Elle peut être vue comme une amitié entre deux personnes, dont l’une a plus d’expérience de vie que l’autre, mais qui sont toutes deux avides d’apprendre. Une saine relation de mentorat se caractérise donc par le désir sincère de voir l’autre progresser, alors que l’un se réjouit des réalisations de l’autre. Il ne s’agit pas seulement de paroles d’encouragement, mais plutôt de passer du temps ensemble et d’avoir l’assurance d’une assistance pratique dans les démarches qui sont entreprises dans un nouveau domaine de la vie. Tout en valorisant les forces et les capacités l’un de l’autre, il est important d’éviter de faire des éloges vides qui ne font que renforcer l’ego.

Les mentors prêtent également attention au rôle du pouvoir dans la relation. Cela implique naturellement que les mentors prennent soin d’éviter de dominer ou de manipuler la personne guidée. Les mentorés ne sont jamais considérés comme des « projets » ou comme les moyens de parvenir à une autre fin. Si la relation devient une amitié, elle peut devenir une relation d’autonomisation mutuelle, où le mentor et la personne guidée apprennent côte à côte à enrichir leur vie.

Il vaut la peine d’examiner comment le mentorat va au-delà de la simple transmission de l’information et du transfert de compétences : Comment la relation entre mentor et mentoré peut-elle être caractérisée par l’apprentissage en commun ? Quelles sont les qualités et les attitudes qui distinguent un mentor efficace ?

Un mentorat réussi

Comment savoir si une relation de mentorat a « réussi » ? Travailler aux côtés d’une personne plus expérimentée devrait éventuellement développer chez le mentoré le courage de faire ses propres pas. À un moment donné, la capacité d’un jeune se développe au point où il peut agir de façon autonome. Cependant, notre succès ne se mesure pas seulement au fait de commencer un nouvel emploi ou d’atteindre quelques objectifs initiaux. L’un des indicateurs les plus significatifs de réussite se produit lorsqu’une personne guidée se lève par la suite pour accompagner une autre personne.

Les organisations impliquées dans ce travail s’interrogent donc naturellement sur la façon de favoriser une culture florissante dans laquelle les amis s’accompagnent les uns les autres. Favoriser ce type de culture, c’est faire prendre conscience de la mesure dans laquelle nous dépendons tous les uns des autres. Au fur et à mesure qu’un nombre croissant de personnes comprennent comment leur progrès dépend de celui des autres, et vice-versa, cette culture est davantage renforcée. De ce point de vue, nous pouvons examiner quelles pourraient être certaines des autres caractéristiques de cette culture et quelles mesures pourraient être prises pour encourager son développement.

Situer le mentorat dans d’autres contextes

Au fur et à mesure que notre perspective s’élargit au-delà de la relation particulière entre le mentor et la personne guidée, d’autres questionsse posent. Comment le mentorat peut-il aller au-delà de la simple répétition du statu quo ? Quels sont certains des changements qui doivent avoir lieu dans la société et comment le mentorat des jeunes pourrait-il contribuer à ces processus ?

Bien que les interactions entre le mentor et le mentoré soient au centre du mentorat, il y a beaucoup de choses dans l’environnement d’une jeune personne qui influencent son progrès. Les mentors voient souvent l’avantage de se familiariser avec d’autres aspects de la vie d’une personne guidée, y compris les espaces dans lesquels elle se déplace, comme son école, son quartier, son lieu de travail, etc. Ces espaces exercent une forte influence sur la vie et les choix des jeunes, et il est souvent nécessaire de transformer chacun de ces espaces en environnements plus épanouissants. Dans ce contexte, l’émergence de groupes de jeunes qui créent des systèmes de soutien mutuel et de mentorat par les pairs peut renforcer la détermination des jeunes à poursuivre leurs objectifs et leurs aspirations face aux diverses forces qui cherchent à les manipuler. Cela devient naturellement un domaine d’apprentissage pour les mentors et les organismes de mentorat des jeunes.

En fin de compte, l’idée que l’on se fait du mentorat est nécessairement liée à une conception du rôle des jeunes dans la société. Nos espoirs et nos aspirations pour les jeunes ne se limitent pas à les aider à s’insérer dans un rôle prescrit dans la société, en particulier un rôle qui leur donne peu de possibilités de progrès futur. Nous imaginons aussi que les jeunes sont capables de devenir les protagonistes de leur propre croissance et de leur propre développement, et les catalyseurs de la transformation de leur situation sociale. Si nous les voyons sous cet angle, le mentorat va au-delà de l’apprentissage de la rédaction d’un CV attrayant, de la façon de bien réussir un entretien ou de l’acquisition de compétences entrepreneuriales. Il s’agirait aussi de les aider à réfléchir à la condition de la société et à leur propre potentiel pour contribuer de manière constructive à sa transformation.