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Document soumis par la Communauté bahá’íe du Canada au Comité sénatorial permanent sur les droits de la personne pour l’étude sur la cyberintimidation, 2012

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Le 31 mai 2012

Introduction

La Communauté bahá’íe du Canada est heureuse d’avoir l’occasion de soumettre une première réflexion sur la question de la cyberintimidation au Comité senatorial permanent sur les droits de la personne. L’étude du Comité aborde une question qui préoccupe tous les Canadiens, car elle concerne le développement sain, productif et en toute sécurité de nos citoyens les plus jeunes. Nous félicitons le Comité d’avoir lance cette étude importante et si opportune.

La Communauté bahá’íe du Canada comprend plus de 30 000 membres partout au pays, qui se consacrent à l’établissement d’une société reflétant les principes de justice et d’unité, et qui est exempte de toutes formes de préjugés. Nous travaillons activement au bien-être de nos jeunes par la mise en oeuvre de programmes qui font naître en eux le désir de servir leur communauté et qui leur permettent de développer les capacities pour ce service. Au coeur de ces programmes se trouve la foi dans la capacité innée des enfants et des jeunes à contribuer de façon constructive et positive au développement de leurs quartiers et au progrès de notre pays.

En examinant ce problème complexe et multidimensionnel, nous nous limiterons à faire quelques remarques sur le rôle de l’éducation dans la prévention de la cyberintimidation. Nous ne sommes pas en mesure de faire des observations sur l’importante dimension juridique de cette question, mais nous sommes sûrs que le Comité étudiera les documents soumis et le témoignage d’experts en ce domaine. Nous nous concentrerons plutôt sur les concepts qui guident notre travail avec les jeunes, nous vous ferons part de quelques conclusions tirées de cette expérience, et nous étudierons leur pertinence pour le problème de la cyberintimidation. Nous espérons que ces réflexions seront utiles à la recherche et à l’analyse entreprises sur cette question urgente par le Comité sénatorial sur les droits de la personne.

Le problème de la cyberintimidation

La cyberintimidation est apparue dans le contexte des nouveaux espaces sociaux en ligne, engendrés par l’évolution rapide des technologies des communications. D’un certain point de vue, la cyberintimidation présente les mêmes caractéristiques d’abus de pouvoir et de manipulation que le harcèlement des adolescents. Par contre, la cyberintimidation est un phénomène nouveau : des attaques personnelles affichées électroniquement peuvent se répandre plus rapidement, et, pour les victimes, l’information placée dans le cyberespace peut prendre une connotation de permanence. Les espaces sociaux en ligne ne sont pas toujours gouvernés par les normes habituelles de conduite de la société, et être constamment connecté à Internet fait que de telles attaques paraissent plus envahissantes. La question est rendue plus compliquée du fait que les jeunes générations utilisent les nouveaux outils de communications avec beaucoup plus d’aisance que leurs parents et professeurs, ce qui constitue un obstacle pour ceux qui veulent aider les jeunes impliqués dans la cyberintimidation.

Les conséquences tragiques de la cyberintimidation ont soulevé une foule de questions juridiques quant à trouver le juste milieu entre la recherche de justice et la protection des victimes et le respect de la liberté d’expression. Cependant, le souci principal de beaucoup de parents, d’écoles et de collectivités est de prévenir et de résoudre le problème de la cyberintimidation sans intenter d’action en justice. Comment pouvons-nous aider les jeunes à développer un solide cadre de référence moral et éthique? De quel genre d’éducation les jeunes ont-ils besoin pour comprendre la portée de leurs actions en ligne? Comment pouvons-nous aider les jeunes à devenir assez forts pour transcender les effets psychologiques dommageables de la cyberintimidation?

Le rôle de l’éducation: développer un double but sur le plan moral

L’adolescence constitue une période cruciale dans la vie de l’être humain; elle est caractérisée par des changements soudains et rapides. Ces changements ne sont pas seulement physiques; ils sont aussi émotionnels, intellectuels et comportementaux. Le milieu, la culture, l’éducation et les rapports personnels avec les autres, tout cela contribue à la nature et à l’orientation de ces changements, et influence les jeunes à penser et à agir de certaines façons. C’est à peu près entre 11 et 15 ans que se définit la personnalité des jeunes et que se forment leurs conceptions, leurs valeurs et leurs croyances au sujet de la vie personnelle et collective.

Contrairement aux idées reçues qui considèrent l’adolescence comme un temps d’activités frivoles, nous croyons que ce groupe d’âge possède un énorme potentiel qui attend d’être développé et canalisé vers des buts constructifs pour la société. Les jeunes ont besoin d’être armés à la fois intellectuellement et spirituellement pour contribuer au progrès de la société. Le développement intellectuel implique l’acquisition de connaissances et de compétences pratiques pour choisir une profession utile, subvenir à ses besoins matériels, et contribuer à la société. Le développement spirituel implique le renforcement de qualités qui appartiennent à notre nature noble, comme l’empathie, l’amour, l’humilité, l’honnêteté et la loyauté.

Les programmes éducatifs devraient donc viser à stimuler le développement intellectuel et spirituel des étudiants et leur permettre d’une certaine façon d’améliorer leurs rapports avec les autres et de contribuer au progrès des collectivités. Ces buts sont réciproques. Par exemple, quelqu’un développe la qualité du pardon quand il choisit de pardonner; mais il n’est pas motivé à pardonner seulement parce que « c’est la bonne chose à faire », mais parce qu’il est conscient qu’il contribue ainsi à une société meilleure – plus pacifique et moins vengeresse. Ainsi, l’éducation devrait inculquer aux jeunes un double but sur le plan moral : développer leur potentiel inné et contribuer à l’amélioration de la société.

Aider les jeunes dans leur développement personnel à être pénétrés d’un sens social, les rend capables de considérer leur identité dans le contexte de la société. Comment suis-je en train de contribuer aux progrès des autres? Quels effets mes actions ont-elles sur mon milieu? Suis-je conscient des besoins des autres? Une éducation, qui cherche à éliminer les innombrables formes de harcèlement, doit développer chez les jeunes les capacités de reconnaître, dans les décisions de tous les jours, les questions d’ordre moral sous-jacentes, et de cerner les implications morales des paroles et des actions.

Pour être capable de faire des choix en se laissant guider par la morale, il faut plus qu’une série de règles; c’est une structure morale complète qui doit être édifiée dans l’esprit d’un jeune – un fort sens social qui connecte les concepts spirituels, les comportements et la prise de conscience des conséquences – et cette structure morale doit être soutenue par la détermination et le courage.

Le concept d’une « structure morale » se rapporte à la question de la cyberintimidation de plusieurs façons. D’abord, les espaces sociaux en ligne étant rarement supervisés et modérés, il appartient aux jeunes de décider de leur ligne de conduite en utilisant leur propre jugement moral sans les conseils directs des parents ou autres influences extérieures du même type. Dans ces situations, les jeunes ont besoin d’être capables de reconnaître les questions morales sous-jacentes à ce qu’ils disent ou font en ligne, et d’examiner les conséquences de telles décisions, avant de choisir une ligne de conduite, plutôt qu’après. Il est donc évident que ce dont les jeunes ont besoin, c’est plus que d’une série de règles, c’est d’une structure ou un cadre qui les aide à choisir la juste ligne de conduite en toutes circonstances.

Il faut aussi que les concepts spirituels soient relativement clairs. Un problème que l’on rencontre couramment chez les jeunes est leur compréhension restreinte du concept spirituel de « justice ». S’ils considèrent « justice » comme étant synonyme de « représailles », la vengeance devient alors la façon adéquate de réagir à une injustice. Par exemple, si quelqu’un me fait du mal ou me manque de respect, j’ai de bonnes raisons de lui faire du mal en retour. Cette conception de la justice n’est pas tempérée par d’autres qualités comme la compassion et la clémence; le harcèlement prend alors plus d’ampleur et n’est plus seulement le cas de quelques ‘mauvaises graines’ dans une classe. En fait, dans beaucoup de cas, les jeunes sont à la fois les harceleurs et les victimes. Ce cycle continue quand les victimes estiment que la réaction appropriée aux brimades est de procéder à une agression semblable à celle dont ils ont été l’objet.

Enfin, beaucoup de jeunes ne sont pas pleinement conscients des conséquences de la cyberintimidation. Ils oublient que leurs actions ne sont pas privées et directes, mais qu’elles peuvent être vues par tous. Faute de règles définies et de sanctions correspondantes, le cybermonde est peut-être une des plus grandes épreuves décisives, qui permet de démontrer à quel point les jeunes sont prêts à mettre en pratique, sans influence extérieure, les valeurs auxquelles ils croient. Dans ces circonstances, seuls la force d’âme et le courage les aideront à naviguer et à maintenir leurs relations personnelles. Les jeunes ont la capacité de faire librement des choix qui transcendent l’adversité et de faire preuve de courage pour défendre leurs idéaux et leurs valeurs – même face aux pressions intenses exercées sur eux par leurs camarades. Ils ont besoin de programmes éducatifs qui forment ces qualités, en théorie et en pratique.

En fait, le problème de la cyberintimidation ne peut pas être séparé du milieu dans lequel les jeunes sont élevés. Nos médias et notre milieu culturel sont hautement individualistes, et la recherche de prestige et d’un avantage personnel est souvent louée et valorisée. Même la cruauté et la violence sont glorifiées. À un âge où les actions et la pensée sont de plus en plus influencées par les camarades et le milieu, les adolescents ont besoin de programmes éducatifs qui les aident à combattre les forces négatives du matérialisme, de l’individualisme et du désespoir. Les programmes conçus pour prévenir la cyberintimidation doivent donc se préoccuper de cette période cruciale de la vie d’un jeune, en employant des approches qui mettent l’accent sur l’apprentissage en groupe et sur l’encadrement par des jeunes plus âgés. Les jeunes eux-mêmes doivent trouver des solutions constructives au problème de la cyberintimidation. Un programme éducatif qui incite les jeunes à explorer la réalité, et les aide à analyser leur milieu social afin de prendre conscience de l’influence que les différentes forces exercent sur leurs pensées et leurs actions, les aidera à développer des relations personnelles plus saines et positives – en ligne ou ailleurs.

Conclusions

Après vous avoir fait part de ces réflexions, nous désirons insister sur le fait que ces observations ne sont qu’une modeste contribution à une discussion d’une grande portée et qu’il est nécessaire de trouver une solution à cet important et inquiétant problème qu’est la cyberintimidation. Il est clair que la solution à ce problème ne viendra pas que d’un seul secteur de la société. Cela demande plutôt un effort concerté des parents, des familles, des écoles, des organismes communautaires, du gouvernement et, tout spécialement, des jeunes eux-mêmes. Nous voulons féliciter le Comité sénatorial sur les droits de la personne d’avoir entrepris ce projet opportun et nous attendons avec impatience de pouvoir tirer profit d’une réflexion sur les résultats de l’étude.Le 31 mai 2012

Introduction

La Communauté bahá’íe du Canada est heureuse d’avoir l’occasion de soumettre une première réflexion sur la question de la cyberintimidation au Comité senatorial permanent sur les droits de la personne. L’étude du Comité aborde une question qui préoccupe tous les Canadiens, car elle concerne le développement sain, productif et en toute sécurité de nos citoyens les plus jeunes. Nous félicitons le Comité d’avoir lance cette étude importante et si opportune.

La Communauté bahá’íe du Canada comprend plus de 30 000 membres partout au pays, qui se consacrent à l’établissement d’une société reflétant les principes de justice et d’unité, et qui est exempte de toutes formes de préjugés. Nous travaillons activement au bien-être de nos jeunes par la mise en oeuvre de programmes qui font naître en eux le désir de servir leur communauté et qui leur permettent de développer les capacities pour ce service. Au coeur de ces programmes se trouve la foi dans la capacité innée des enfants et des jeunes à contribuer de façon constructive et positive au développement de leurs quartiers et au progrès de notre pays.

En examinant ce problème complexe et multidimensionnel, nous nous limiterons à faire quelques remarques sur le rôle de l’éducation dans la prévention de la cyberintimidation. Nous ne sommes pas en mesure de faire des observations sur l’importante dimension juridique de cette question, mais nous sommes sûrs que le Comité étudiera les documents soumis et le témoignage d’experts en ce domaine. Nous nous concentrerons plutôt sur les concepts qui guident notre travail avec les jeunes, nous vous ferons part de quelques conclusions tirées de cette expérience, et nous étudierons leur pertinence pour le problème de la cyberintimidation. Nous espérons que ces réflexions seront utiles à la recherche et à l’analyse entreprises sur cette question urgente par le Comité sénatorial sur les droits de la personne.

Le problème de la cyberintimidation

La cyberintimidation est apparue dans le contexte des nouveaux espaces sociaux en ligne, engendrés par l’évolution rapide des technologies des communications. D’un certain point de vue, la cyberintimidation présente les mêmes caractéristiques d’abus de pouvoir et de manipulation que le harcèlement des adolescents. Par contre, la cyberintimidation est un phénomène nouveau : des attaques personnelles affichées électroniquement peuvent se répandre plus rapidement, et, pour les victimes, l’information placée dans le cyberespace peut prendre une connotation de permanence. Les espaces sociaux en ligne ne sont pas toujours gouvernés par les normes habituelles de conduite de la société, et être constamment connecté à Internet fait que de telles attaques paraissent plus envahissantes. La question est rendue plus compliquée du fait que les jeunes générations utilisent les nouveaux outils de communications avec beaucoup plus d’aisance que leurs parents et professeurs, ce qui constitue un obstacle pour ceux qui veulent aider les jeunes impliqués dans la cyberintimidation.

Les conséquences tragiques de la cyberintimidation ont soulevé une foule de questions juridiques quant à trouver le juste milieu entre la recherche de justice et la protection des victimes et le respect de la liberté d’expression. Cependant, le souci principal de beaucoup de parents, d’écoles et de collectivités est de prévenir et de résoudre le problème de la cyberintimidation sans intenter d’action en justice. Comment pouvons-nous aider les jeunes à développer un solide cadre de référence moral et éthique? De quel genre d’éducation les jeunes ont-ils besoin pour comprendre la portée de leurs actions en ligne? Comment pouvons-nous aider les jeunes à devenir assez forts pour transcender les effets psychologiques dommageables de la cyberintimidation?

Le rôle de l’éducation: développer un double but sur le plan moral

L’adolescence constitue une période cruciale dans la vie de l’être humain; elle est caractérisée par des changements soudains et rapides. Ces changements ne sont pas seulement physiques; ils sont aussi émotionnels, intellectuels et comportementaux. Le milieu, la culture, l’éducation et les rapports personnels avec les autres, tout cela contribue à la nature et à l’orientation de ces changements, et influence les jeunes à penser et à agir de certaines façons. C’est à peu près entre 11 et 15 ans que se définit la personnalité des jeunes et que se forment leurs conceptions, leurs valeurs et leurs croyances au sujet de la vie personnelle et collective.

Contrairement aux idées reçues qui considèrent l’adolescence comme un temps d’activités frivoles, nous croyons que ce groupe d’âge possède un énorme potentiel qui attend d’être développé et canalisé vers des buts constructifs pour la société. Les jeunes ont besoin d’être armés à la fois intellectuellement et spirituellement pour contribuer au progrès de la société. Le développement intellectuel implique l’acquisition de connaissances et de compétences pratiques pour choisir une profession utile, subvenir à ses besoins matériels, et contribuer à la société. Le développement spirituel implique le renforcement de qualités qui appartiennent à notre nature noble, comme l’empathie, l’amour, l’humilité, l’honnêteté et la loyauté.

Les programmes éducatifs devraient donc viser à stimuler le développement intellectuel et spirituel des étudiants et leur permettre d’une certaine façon d’améliorer leurs rapports avec les autres et de contribuer au progrès des collectivités. Ces buts sont réciproques. Par exemple, quelqu’un développe la qualité du pardon quand il choisit de pardonner; mais il n’est pas motivé à pardonner seulement parce que « c’est la bonne chose à faire », mais parce qu’il est conscient qu’il contribue ainsi à une société meilleure – plus pacifique et moins vengeresse. Ainsi, l’éducation devrait inculquer aux jeunes un double but sur le plan moral : développer leur potentiel inné et contribuer à l’amélioration de la société.

Aider les jeunes dans leur développement personnel à être pénétrés d’un sens social, les rend capables de considérer leur identité dans le contexte de la société. Comment suis-je en train de contribuer aux progrès des autres? Quels effets mes actions ont-elles sur mon milieu? Suis-je conscient des besoins des autres? Une éducation, qui cherche à éliminer les innombrables formes de harcèlement, doit développer chez les jeunes les capacités de reconnaître, dans les décisions de tous les jours, les questions d’ordre moral sous-jacentes, et de cerner les implications morales des paroles et des actions.

Pour être capable de faire des choix en se laissant guider par la morale, il faut plus qu’une série de règles; c’est une structure morale complète qui doit être édifiée dans l’esprit d’un jeune – un fort sens social qui connecte les concepts spirituels, les comportements et la prise de conscience des conséquences – et cette structure morale doit être soutenue par la détermination et le courage.

Le concept d’une « structure morale » se rapporte à la question de la cyberintimidation de plusieurs façons. D’abord, les espaces sociaux en ligne étant rarement supervisés et modérés, il appartient aux jeunes de décider de leur ligne de conduite en utilisant leur propre jugement moral sans les conseils directs des parents ou autres influences extérieures du même type. Dans ces situations, les jeunes ont besoin d’être capables de reconnaître les questions morales sous-jacentes à ce qu’ils disent ou font en ligne, et d’examiner les conséquences de telles décisions, avant de choisir une ligne de conduite, plutôt qu’après. Il est donc évident que ce dont les jeunes ont besoin, c’est plus que d’une série de règles, c’est d’une structure ou un cadre qui les aide à choisir la juste ligne de conduite en toutes circonstances.

Il faut aussi que les concepts spirituels soient relativement clairs. Un problème que l’on rencontre couramment chez les jeunes est leur compréhension restreinte du concept spirituel de « justice ». S’ils considèrent « justice » comme étant synonyme de « représailles », la vengeance devient alors la façon adéquate de réagir à une injustice. Par exemple, si quelqu’un me fait du mal ou me manque de respect, j’ai de bonnes raisons de lui faire du mal en retour. Cette conception de la justice n’est pas tempérée par d’autres qualités comme la compassion et la clémence; le harcèlement prend alors plus d’ampleur et n’est plus seulement le cas de quelques ‘mauvaises graines’ dans une classe. En fait, dans beaucoup de cas, les jeunes sont à la fois les harceleurs et les victimes. Ce cycle continue quand les victimes estiment que la réaction appropriée aux brimades est de procéder à une agression semblable à celle dont ils ont été l’objet.

Enfin, beaucoup de jeunes ne sont pas pleinement conscients des conséquences de la cyberintimidation. Ils oublient que leurs actions ne sont pas privées et directes, mais qu’elles peuvent être vues par tous. Faute de règles définies et de sanctions correspondantes, le cybermonde est peut-être une des plus grandes épreuves décisives, qui permet de démontrer à quel point les jeunes sont prêts à mettre en pratique, sans influence extérieure, les valeurs auxquelles ils croient. Dans ces circonstances, seuls la force d’âme et le courage les aideront à naviguer et à maintenir leurs relations personnelles. Les jeunes ont la capacité de faire librement des choix qui transcendent l’adversité et de faire preuve de courage pour défendre leurs idéaux et leurs valeurs – même face aux pressions intenses exercées sur eux par leurs camarades. Ils ont besoin de programmes éducatifs qui forment ces qualités, en théorie et en pratique.

En fait, le problème de la cyberintimidation ne peut pas être séparé du milieu dans lequel les jeunes sont élevés. Nos médias et notre milieu culturel sont hautement individualistes, et la recherche de prestige et d’un avantage personnel est souvent louée et valorisée. Même la cruauté et la violence sont glorifiées. À un âge où les actions et la pensée sont de plus en plus influencées par les camarades et le milieu, les adolescents ont besoin de programmes éducatifs qui les aident à combattre les forces négatives du matérialisme, de l’individualisme et du désespoir. Les programmes conçus pour prévenir la cyberintimidation doivent donc se préoccuper de cette période cruciale de la vie d’un jeune, en employant des approches qui mettent l’accent sur l’apprentissage en groupe et sur l’encadrement par des jeunes plus âgés. Les jeunes eux-mêmes doivent trouver des solutions constructives au problème de la cyberintimidation. Un programme éducatif qui incite les jeunes à explorer la réalité, et les aide à analyser leur milieu social afin de prendre conscience de l’influence que les différentes forces exercent sur leurs pensées et leurs actions, les aidera à développer des relations personnelles plus saines et positives – en ligne ou ailleurs.

Conclusions

Après vous avoir fait part de ces réflexions, nous désirons insister sur le fait que ces observations ne sont qu’une modeste contribution à une discussion d’une grande portée et qu’il est nécessaire de trouver une solution à cet important et inquiétant problème qu’est la cyberintimidation. Il est clair que la solution à ce problème ne viendra pas que d’un seul secteur de la société. Cela demande plutôt un effort concerté des parents, des familles, des écoles, des organismes communautaires, du gouvernement et, tout spécialement, des jeunes eux-mêmes. Nous voulons féliciter le Comité sénatorial sur les droits de la personne d’avoir entrepris ce projet opportun et nous attendons avec impatience de pouvoir tirer profit d’une réflexion sur les résultats de l’étude.